Voyage et partage

Nous sommes un couple de professeurs des écoles des Côtes d'Armor : Solveig Launay et Laurent Vivier. Notre association Voyage et Partage a pour objectif de partager notre passion du voyage, d'attiser la curiosité en montrant la diversité du monde et d'aider au recul des préjugés. Elle a été mise en place pour décliner les actions en aval d'un projet éducatif itinérant portant le même nom.

Plus qu'une simple profession, l'enseignement est pour nous une manière d'agir positivement dans notre société en accompagnant les enfants dans l’élévation vers leur statut de citoyens, à l'échelle locale, de leur pays et aussi du monde.
L'un comme l'autre avions un désir ancien de découvrir d'autres cultures, de nous ouvrir à d'autres manières de vivre et d'appréhender le monde, afin d'enrichir nos expériences personnelles et professionnelles. L'idée d'allier le voyage et l'enseignement s'est donc imposée à nous.
Notre projet, intitulé « Voyage et Partage », eut pour objectif général de voyager en itinérance, pendant deux ans, afin d'aller à la rencontre des éducateurs de chaque pays traversé et de partager avec eux les méthodes pédagogiques.

Sur ce blog vous poursuivrez la route avec nous au Bénin, au Sénégal, au Cap-Vert et au Maroc. Un premier blog raconte notre voyage au Brésil, Paraguay, Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie, Madagascar, Burundi et Burkina Faso, pour cela rendez-vous sur voyageetpartage.blogspot.fr


Depuis notre retour en France nous avons repris notre métier à temps partiel afin de réaliser des actions :
. des interventions dans les écoles et les bibliothèques pour échanger avec les enfants (diaporama et ateliers « sensoriels » sur notre voyage
. des projections et échanges autour du film du voyage dans diverses structures
. des expositions photos
A travers celles-ci, nous souhaitons communiquer notre passion du voyage, attiser la curiosité en montrant la diversité du monde en termes de culture, de paysage, de patrimoine, de mode de vie, de nourriture, montrer une autre facette du monde et aider à lutter contre les préjugés.
Pour mettre en place ces actions il suffit de nous contacter et de définir ensemble une date.


…Ce midi-là / La vie était si égarante et bonne / Que tu lui as dit ou plutôt murmuré "vas-t'en me perdre où tu voudras" / Les vagues ont répondu "tu n'en reviendras pas" (Extrait d´un poème de Nicolas Bouvier)

Pour nous joindre : voyageetpartage@aol.fr



mardi 23 avril 2013

Cap-Vert - du 22 février au 18 avril 2013

Pour qualifier notre attachement au Cap-Vert après notre séjour, la chanson de Césaria Evora
  s'y prête bien :
"Petit pays, je t'aime beaucoup" ...


Pendant que Laurent est parti rejoindre des amis en Casamance avant de mettre le cap sur le Cap-Vert en voilier, je choisis l'avion pour m'y rendre plus rapidement 
(un rendez-vous familial étant programmé dans les jours à venir).
 Je pose donc le pied sur l'île de Sao Vicente, avec ma soeur Myriam.



Nous passons deux nuits à Mindelo, capitale de lîle et ville de la grande chanteuse
 de morna Césaria Evora.


Mon frère Benjamin et son amie Elodie nous ayant rejoints, nous quittons l'île au petit matin pour nous rendre sur sa voisine, Santo-Antao.



Après une heure de traversée et deux heures d'aluguer (le transport collectif capverdien)...


pour aller de Porto-Novo à Cruzinha...


au milieu de paysages à couper le souffle...


nous arrivons au petit village de Cruzinha.


C'est dans une petite maison de ce village que mes parents ont élu domicile.


Après plusieurs mois de séparation, les retrouvailles en famille sont bonnes. De longues soirées permettent de se raconter les aventures respectives et d'apprendre à connaître les gens du village, qui deviendront bien vite des amis.


L'anniversaire de Myriam tombe juste bien pour le fêter en famille!


Les vacances s'organisent. Les baignades ...


Les balades...


Pendant ce temps-là:


Après quatre jours de mer, Laurent  rejoint l'île de Santiago.


Des dauphins saluent l'arrivée des marins, Laurent est promu mousse!

 Un petit saut d'avion et d'aluguer plus tard, il nous retrouve à Cruzinha.


Balades dans la vallée de Mocho pour acheter nos fruits, nos légumes et notre fromage, 
directement chez le producteur.
Ici Ricardo, Laurent et Benjamin nous ramènent de la canne à sucre.


L'achat du poisson pêché le jour même par les pêcheurs du village...
Les habitants de Cruzinha sont essentiellement des pêcheurs et des éleveurs.


La fameuse soirée crêpes qui est devenue une tradition du voyage pour faire goûter  nos recettes aux amis...


Les apéritifs à l'alcool local, fait à base de canne à sucre, le grogue...


Les moments de lecture..


ou de contemplations.
Il faut dire que la vue du village s'y prête.


Santo Antao est une île exclusivement montagneuse, le paradis des randonneurs. 
Nous nous régalons donc dans ce domaine.


La ribeira (rivière sèche) entre Cruzinha et le village de Cha de Igreja sert de route jusqu'à présent.
 En saison des pluies cette dernière se remplie d'eau empêchant ainsi tout déplacement terrestre.
 Les déplacements se font alors en barque. 
C'est pour cette raison qu'une autre route est entrain d'être construite afin de contourner la ribeira.


Ces montagnes volcaniques semblent sorties de terre hier!


L'histoire du Cap-Vert, comme ses montagnes, est très récente. Cet archipel, très aride, reste inhabité jusqu'au 15ème siècle, date d'arrivée des premiers explorateurs portugais. 
Les portugais importèrent rapidement des esclaves depuis la côte ouest du continent africain. Situé sur les grandes voies commerciales entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques, l'archipel s'enrichit grâce au commerce triangulaire au cours du XVIème siècle.
Le pays ne gagne son indépendance qu'en 1975.
Du fait de son insularité et de son histoire, le Cap-Vert semble ne faire partie ni de l'Afrique, ni de l'Europe, ni de l'Amérique. Elle est un mélange des trois.


Beaucoup de chemins n'étant pas accessibles en véhicule, les ânes ou les mules sont très utilisés pour ravitailler les villages. 


De nombreuses maisons ont été abandonnées dans les décennies précédentes,
 pour manque d'eau douce ou accès difficile.



Mais aujourd'hui, le système d'irrigation très performant permet à l'agriculture de persister.

Randonnée vers Chupador







Les montées sont longues et douloureuses...



et les pauses fréquentes nécessaires!



Mais tout cet effort en vaut la chandelle.

Randonnée de Punta do Sol à Cruzinha




village de Fontainhas.
Nous sommes surpris de découvrir une école primaire dans chaque petit village, même si il n'y a que cinq élèves! Nous apprenons par la suite que l'effectif maximum est de 25 élèves par classe.
 La France devrait en prendre de la graine!





La quasi totalité des chemins sont pavés, quel travail!


village de Corvo.



pique nique sur le chemin.
On espère apercevoir une baleine!


Après le départ de Myriam, Benjamin et Elodie, nous commençons un nouveau projet éducatif avec l'école de Cruzinha. Les enseignants sont très ouverts au partage et très intéressés par le projet. 
Comme nous ne parlons ni créole, ni portugais (même si  le "portugnol" permet de se faire comprendre!) l'étroite collaboration avec les enseignants est nécessaire pour l'aboutissement du projet. Manuel, un des professeurs, se débrouille en français. Il propose de se libérer chaque après-midi (l'école ayant lieu le matin) pour mener l'atelier avec nous.
Cette fois, l'objectif va être la mise en place d'un spectacle de théâtre d'ombres chinoises
 à partir de contes capverdiens.


Une quinzaine d'élèves de 6 à 13 ans, est intéressée pour participer.
Après la présentation d'un petit spectacle autour d'un conte inuit pour découvrir le théâtre d'ombre, 


nous partons dans le village récolter des histoires auprès des anciens.

Le village ne compte pas plus de 350 habitants. Autant dire que chaque enfant  est fier de nous présenter un grand-père, une grand-mère, un grand-oncle...


Victoria, qui a perdu la vue il y a de nombreuses années, est ravie de nous accueillir chez elle
et de nous raconter une histoire qu'elle a gardée au fond de sa mémoire: 
"O menino y o pexe" (le garçon et le poisson).



Antuninha un peu timide au début, finit par se prendre au jeu


et nous raconter deux histoires. Nous retiendrons "O lobo y o chibim" pour notre projet.






Ti Pol, aveugle lui aussi, nous raconte son histoire quand il était pêcheur.



Ce couple n'a pas d'histoire à nous raconter, mais est content de nous accueillir un moment.


Nous décidons de garder trois histoires pour les étudier.
Manuel, le professeur, transcrit les contes (racontés en créole par les grands-parents) 
en portugais (langue parlée à l'école)

Après un travail de compréhension oral, les enfants se lancent dans la construction des personnages...



et des castelets.


Tout est fait avec des cartons récupérés.


Très investis, petits et grands terminent rapidement leur personnage et ont bien hâte de leur faire prendre vie.


Il est temps de faire les premiers essais. 


Un travail de lecture à haute voix est fait avec les plus grands en vue d'enregistrer les contes.


Les répétitions peuvent commencer.
Il faut faire bien attention au positionnement des personnages par rapport à la lampe pour que l'ombre se perçoive correctement. Les élèves spectateurs sont là pour apporter des conseils.



Après une quinzaine de jours de travail, tout est prêt.


Les enfants sont fiers d'inviter leur famille à leur spectacle...


surtout que la salle est comble!



la concentration est optimale!


O menino y o pexe


O lobo y o chibim


Blimundo


Les spectateurs semblent très satisfaits.



Antuninha, qui a conté une des histoires, est bien contente du résultat.
Notre pari, d'allier plusieurs générations au projet, est réussi!

Le lendemain du spectacle, les élèves sont en vacances de Pâques.



Nous partons également en congé.








Après une marche de 4 heures, nous retrouvons Manuel dans son village natal.



Il nous fait visiter la distillerie du village.


la machine qui broie la canne pour en extraire le jus.


l'alambic.


Après cette visite nous partons pour Mindelo, où nous retrouvons une bande d'amis voileux de Casamance.


Nous assistons pour la deuxième fois au spectacle de marionnettes de Jean-Marie et Cécile.


Les retrouvailles se font autour de bons repas sur les bateaux des uns ou des autres.



Préparation de la langouste par Nico.



Lucie et Jules sont là aussi. Nous reprenons naturellement nos jeux là où nous les avions abandonnés.


Nous logeons quelques jours sur le PokaPok (voilier de Manu) le temps de renouveler notre visa.


Mais bien vite, l'appel de Santo Antao se fait sentir, nous repartons sur l' île pour un trek
de quatre jours. Nico part avec nous.



3 heures d'aluguer dont la moitié en piste, sont nécessaires pour rejoindre notre point de départ:


Tarrafal.




A Monte Trigo nous sommes accueillis par Valdomir, le grand frère d'un ami. 
Il nous héberge dans sa maison.
Valdomir construit les barques de pêcheur, un vrai travail d'artiste!


Le village est tellement chouette et les gens si accueillants que nous décidons de rester une nuit de plus.


Baignades et poisson grillé sur la plage, nous nous prenons pour Robinson, le bonheur!


Depuis un an, le village a l'électricité uniquement grâce à une centrale de panneaux solaires. L'installation super moderne a été financé et mis en fonctionnement par des fonds étrangers. Ronny a été formé comme technicien sur place. Il est heureux de nous faire visiter la centrale.

Le lendemain il faut repartir avant l'aube, une journée de 10 heures (dont plus de la moitié en montée)
 nous attend!




Cette partie de l'île est totalement déserte, il faudra attendre 
la 6ème heure de marche pour rencontrer quelqu'un et pouvoir se ravitailler en eau.






Le soir, exténués, nous arrivons pour notre premier campement à Cha de Norte où la vue est assez incroyable...



Le lendemain, c'est reparti...


et toujours autant de paysages somptueux.



Autours des villages, grâce au système d'irrigation, les cultures, organisées en terrasse, sont nombreuses: bananes, manioc, carottes, oignons, choux, pommes de terre ...et canne à sucre.



Sur notre route nous croisons une autre distillerie en fonctionnement, plus rustique que la précédente.



Nous nous arrêtons pour regarder le travail.





Le deuxième campement se fait dans une ruine ...


afin de s'abriter tant bien que mal du vent qui souffle très violemment. 
Dans la maison voisine, une famille adorable nous offre la cachupa
(plat traditionnel à base de maïs et haricot).




La dernière journée est plus facile, moins de montées et plus courtes.



pique-nique sur les sommets.


Notre dernier campement dans des ruines d'une ribeira non loin de Cruzinha. 


Nous n'avons tellement pas envie d'arriver!


De retour à Cruzinha, il ne reste que quelques jours avant le retour de mes parents en France. 
Nous profitons donc des derniers moments en famille.


La marche étant addictive, surtout au milieu de ces paysages, nous repartons pour deux jours, 
visiter une autre partie de l'île.


De Ribeira Grande, une des villes principales de l'île, nous partons pour le cratère de "Cova do Paul".


Après le pique-nique, le repos de Lucky-Luke!






Après une ascension de 1200 mètres d'altitude, nous arrivons au dessus du cratère, en pleine forêt de pins...


idéal pour planter la tente et préparer le repas!

Comme il nous reste un peu de temps avant le départ, il nous semble intéressant de refaire une représentation   
à l'école de Cruzinha. Plusieurs personnes du village n'avaient pu venir à la première et avaient été déçu.


Alors cette fois nous faisons les choses en grand. 
Le petit groupe d'élèves réuni, nous faisons des affiches et des "flyers" pour communiquer les lieu, date et heure de la représentation.



Puis nous allons faire du porte à porte, dans chaque maison du village pour distribuer les papiers.


Nous passons une matinée dans la classe de "jardim infantil" (l'équivalent de la moyen et grande section française). Avec Marie-Helene, la maîtresse, nous présentons  aux petits, le conte inuit en théâtre d'ombre, afin de les motiver à venir à la représentation de leurs aînés, le soir même.


En dehors de tout attente, la salle est encore plus remplie que la première fois.


Ce projet restera un des meilleurs de notre voyage, tant par l'implication des professeurs, par le sérieux et la motivation des élèves, que par l’intérêt de faire revivre les histoires des anciens dans la bouche des enfants.

Et le Cap-Vert ou plus précisément, l'île de Santo Antao, restera pour nous, parmi les endroits que nous avons pu découvrir, le lieu où il fait le plus bon vivre.


D'ailleurs, Jojo a tellement aimé qu'il a décidé de restaurer une vieille ruine à Aranas...


la voilà, derrière notre tente!

On se quitte en chanson pour oublier la "sodade", avec Cordas do Sol, groupe phare de Santo Antao...

Coin devinettes :
1) Quel drôle d'animal pousse un cri bizarre très tôt, tous les matins,  juste en face de la maison?
A.  Un homme ayant abuse du grogue
B. Un dinosaure qui sort de l'oeuf
C. Le coq enroué que cherchait Jacques Tati pour son film


2) Porto Novo, ville principale de Santo Antao, compte-elle environ :
A.  10 000 d'habitants ?
B. 100 000 d'habitants ?
C. 1 000 000 d'habitants ?
Prochain et dernier épisode de "Voyage et partage" : les aventures marocaines!